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janvier 2009
 

L’Association Sauvegarde de l’Enfance des Bouches-du-Rhône, l’une des plus importantes de France, constitue un magnifique observatoire pour qui veut étudier la protection de l’enfance au XXe siècle en France. Née entre les deux guerres, elle s’est donné pour mission de protéger les «enfants de justice», enfants délinquants, enfants «en danger», enfants maltraités.

La doctrine officielle voulait, jusqu’à présent, qu’aucun mineur ne soit considéré comme un délinquant avéré, ni même comme un coupable potentiel: c’est un futur citoyen que les adultes doivent ressaisir et protéger, en cas de défaillance des parents. Après la Libération, l’institution judiciaire a mis en œœuvre cette doctrine, avec l’aide des travailleurs sociaux de la Sauvegarde. Ceux-ci ne se sont pas contentés de développer des pratiques de terrain, ils se sont montrés capables d’ajuster leurs méthodes et d’affiner leurs concepts, en faisant appel aux sciences humaines. Aujourd’hui, le principe même de leur activité semble remis en cause.

Au cours des années 1980 et 1990, la décentralisation a accru le pouvoir de l’administration départementale, laquelle, soucieuse de gestion rationnelle, a tenté de soumettre les associations socio-éducatives au rôle de prestataires de services. L’exemple de la Sauvegarde montre comment certaines associations ont réussi à conserver une part de liberté, de créativité et d’ambition. Elles cherchent aujourd’hui à réinventer leur rôle social et politique.

Les documents produits par la Sauvegarde jettent une lumière crue, cruelle, sur certaines transformations sociales récentes: le dépérissement des liens familiaux, les progrès de la maltraitance, l’égarement des adolescents. Ils montrent aussi que les associations s’engagent de plus en plus dans le travail «éducatif», alors que les institutions publiques gèrent «le social» proprement dit. Pour autant, le nombre des « sauvageons » en grande souffrance ne régresse pas. Apparemment, il ne suffit plus d’«accompagner» des parents défaillants. Une question revient en leitmotiv dans les rapports: qui doit élever les enfants ?

À défaut de réponse, cette étude permet d’avancer quelques suggestions.

  • Nombre de pages : 192
  • ISBN : 978-2-85952-997-0
  • Date de parution :
  • Format : 16 x 24 cm
  • Yvonne Knibiehler

    Essayiste et historienne, Yvonne Knibiehler est professeur honoraire à l’’université de Provence.

20,00

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